Depuis le pied du Palais des Princes-Evêques de Liège, le quartier de Pierreuse grimpe à flanc de colline jusqu’aux contreforts de la Citadelle. Profondément ancré à son tissu médiéval, ce quartier, bouillonnant de vie, conserve encore aujourd’hui une forte identité populaire.
A l’arrière, les Coteaux de la Citadelle renferment une histoire riche et restée longtemps secrète.
La ville de Liège s’emploie aujourd’hui à revaloriser ce site et à le rendre accessible aux riverains, aux promeneurs et aux touristes. Une telle opération ne se fait pas sans mal, car si l’idée est généreuse, le niveau de contrainte est élevé.

Au travers de l’immeuble 38 de la rue Pierreuse, il s’agit de connecter de manière signifiante cette ruelle toute proche de l’hyper-centre avec la cour de la Porterie de l’ancien Couvent des Minimes, l’une des extrémités du site des Coteaux.

Nous avons examiné la question en dialogue avec le maître de l’ouvrage, ses partenaires et les riverains.
Comment guider confortablement le visiteur sur plus de sept mètres de dénivelé ?
Comment amener lumière, sécurité et animation dans la traversée du parcellaire en y intégrant une série de fonctions touristiques ?
Comment conserver l’intimité des maisons voisines ?
Enfin, comment créer un logement dans ce qui reste de l’immeuble, ou autrement dit,
comment aujourd’hui habiter en ville au-dessus d’un passage public ?

Toutes ces questions, ces inquiétudes, ont guidé notre réflexion puis nos choix pour aboutir au projet.

Nous avons proposé de maintenir en place cette maison, que nous transformerons profondément pour y installer un escalier public, des locaux d’accueil et d’information ainsi qu’un logement de fonction.

L’immeuble est entièrement vidé sur ses deux premiers niveaux.
L’escalier public s’y déploie en trois volées, débouchant à l’air libre pour atteindre le seuil de la cour de la Porterie, départ de l’escalade des Terrasses. Chaque palier intermédiaire offre une connexion avec les fonctions d’accueil et d’information touristiques. Au second palier, une passerelle assure une discrète entrée au logement, et connecte la courette arrière avec un local d’animation, suspendu dans l’espace vide, lieu privilégié de mise en relation de la Porterie avec le centre urbain.
La distribution du logement s’effectue par l’escalier existant que nous restaurons dans sa tourelle en colombage maintenue en état au moyen de dispositifs structurels légers intégrés aux spatialités.
Ainsi, cet élément témoin continue à tenir sa place dans l’ensemble vernaculaire que constitue l’arrière du front bâti de Pierreuse.
Le nouveau logement s’intègre dans cet ensemble par l’expression de sa terrasse. Nous avons inversé l’organisation type du logement urbain, pour placer les espaces de vie en haut, sous les versants de toiture, afin de leur conférer l’ampleur spatiale utile tout en réglant les problèmes de vues directes, d’intimité et de voisinage.

La façade avant est réparée en béton, de sorte à pouvoir lui permettre tout à la fois d’assurer la continuité de la séquence bâtie, de retrouver sa propre unité de rythme et de traduire sa nouvelle fonction de passage public : une porte trapue laisse le trottoir glisser dans la pièce d’accueil, une haute fenêtre fusionne les deux niveaux que traverse l’escalier et offre un fragment d’échappée visuelle sur la porterie.

L’usage du béton armé coulé en œuvre est rationnel et fonctionnel : tout en assurant les reprises de charges, les portées et le contreventement, les éléments de dalles et de voiles structurent les articulations du projet et signifient les interventions neuves, clairement mais sans ostentation.
Au béton et au verre s’ajoute une palette de matériaux choisis pour leur caractère respectueux de l’environnement : badigeon à la chaux, enduit isolant chaux et chanvre, ensemble des menuiseries bois sans traitement certifié FSC, auxquels s’ajoutent des solutions énergétiques rationnelles : forte isolation des toitures et planchers, vitrages performants, ventilation avec récupération de chaleur, chaudière à condensation.