Il y a plus de 30 ans, Henri Pâque, véritable pionnier en Wallonie, orientait sa ferme vers l’agriculture et l’élevage biologiques. Depuis lors, cette initiative familiale n’a cessé de progresser, de s’amplifier et de se diversifier. Plusieurs fois agrandie dans les locaux mêmes de la ferme, la surface de vente doit aujourd’hui s’optimaliser, en parallèle aux espaces de conditionnement : boucherie, fruits et légumes, stocks, pôle de gestion…

Au départ de la question posée, plusieurs pistes sont examinées.
Un premier choix est effectué entre réutilisation de certains espaces existants dans les bâtiments de la ferme et une construction neuve.
La piste de réinvestir des locaux de la ferme se révèle rapidement impraticable, et dès lors, Michel Pâque et son équipe envisage de construire, d’agrandir l’infrastructure.
Une fois cette décision prise, l’étude des rapports aux volumes existants et au voisinage, au terrain, à son relief et au morceau de territoire qu’il compose à la sortie du village a donné lieu à l’expérimentation de diverses attitudes. La position retenue fut de créer une nouvelle cour à la ferme, en positionnant la construction comme un volume autonome supplémentaire, perpendiculaire à la voirie sur laquelle il s’aligne.
La nouvelle cour est refermée par un mur à rue et un portail contre le pignon de la grange d’origine. Derrière ce mur, l’angle du bâtiment neuf abrite la zone d’entrée publique. La surface de vente s’organise dans l’espace ouvert sous la charpente et structuré en 3 nefs asymétriques, l’une sous toiture terrasse, les deux autres unifiées sous un grand versant.
A l’arrière, les zones de services sont en relation avec les autres bâtiments de l’exploitation agricole.
Différents bureaux prennent place sous la toiture, connectés par une passerelle lancée dans les charpentes du magasin.

Tout en évitant d’être doctrinaire, le projet cherche à généraliser l’emploi de techniques et de matériaux sains, respectueux de la santé et de l’environnement, pas trop énergétivores, et ce en considérant le cadre le plus large possible pour opérer les choix les plus opportuns.
La structure principale et la charpente sont en bois résineux du pays avec une priorité donnée au bois d’œuvre massif. Le partitionnement intérieur des zones de stock et de travail est en maçonnerie lourde traditionnelle, alors que l’ensemble de l’enveloppe est fermé par des murs en ballots de paille, pré assemblés dans des cadres en bois et recouverts sur leurs deux faces d’un enduit à la terre.
Le bardage extérieur est en mélèze et les menuiseries en douglas.
Les deux tiers de l’énergie nécessaire au chauffage de la zone de vente sont directement fournis par la chaleur récupérée sur les moteurs des chambres froides.
La lumière naturelle est introduite par des bandeaux vitrés sous les dépassants haut et bas du grand versant de toiture, ainsi que par une baie qui offre une vue cadrée sur le verger voisin. Des ventelles empêchent tout ensoleillement direct sur les surfaces de vente.

La volonté de maintenir l’esprit d’accueil et de vente à la ferme en avant de considérations trop mercantiles conduit à réinterpréter ça et là les mécanismes commerciaux et les oripeaux de promotion séductrice pour chercher à maintenir un maximum de valeurs humaines autour des notions d’achat et d’échange. Cette démarche implique des réflexions sur les caisses de vente qui se tournent vers l’accueil, comme jadis les comptoirs d’épicerie, sur le (re)développement de la vente de denrées en vrac, sur l’information relative aux produits, ou sur l’espace à prévoir pour les groupes d’achats communs.